La force du management équitable en transformation numérique

Qu’est-ce donc que le management équitable? Comment permet-il d’intégrer l’exécution à l’élaboration des stratégies?

Si la question de l’équité préoccupe depuis toujours intellectuels et philosophes, l’origine théorique du management équitable se trouve selon des auteurs tel que John W. Thibault et Laurens Walker. Conjuguant leur interet pour la dimension psychologique de la justice et  l’étude des procédures, ils ont abouti, au milieu des années 1970, au concept de justice procédurale. Ils voulaient notamment comprendre les motifs qui poussent l’individu à faire confiance à un systeme juridique et à respecter les lois sans y etre constraint. Au terme de leurs recherche, ils ont conclu que l’etre humain e soucie tout autant du caractère équitable de la procédure appliquée que du résultat concret obtenu. Sa satisfaction et son attachement à ce résultat augmentent lorsqu’il estime qu’il y a eu justice procédurale.

L’expression management équitable est notre traduction, dans le domaine de l’entreprise, de la théorie de la justice procédurale. Tout comme dans le contexte du droit, un fonctionnement fondé sur l’équité intègre l’exécution au stade de l’élaboration en suscitant en amont l’adhésion de tous les intéressés. Il donne à chacun la conviction que les désne sont pas pipés et les incite à coopérer volontairement à la mise en oeuvre des décisionsstratégiques.

Cette coopération volontaire n’a rien à voir avec l’exécution machinale à laquelle certains se livrent pour etre bien vus. Pas questionde se borner dans ce cas à faire son devoir : on ne ménage pas ses effortset on prend toutes les initiatives nécessaires pour mettre en oeuvre la stratégie adoptée.

Les 3 principes de management équitable

Tout fonctionnement équitable repose sur trois principes qui se renforcent mutuellement : engagement, échanges et énoncé des conséquences. Du journalier au cadre supérieur, tout le monde a ce éléments en tete, ce sont les 3 E.

Engager, c’est susciter la participation des individus aux décisions stratégiques qui les concernent ; c’est solliciter leur avis et leur permettre de contester les prises de position des autres. Par l’application d ece principe, la direction montre son respect pour le personnel et ses idées. De plus, le climat de débat contradictoire qu’elle instaure aide chacun à affiner ses arguments et contribue au développement d’une sorte d’intelligence collective. L’engagement a pour effet d’améliorer la qualité des décisions prises au sommet et d’assurer le concours de tous quand il faut les exécuter.

Échanger, c’est faire en sorte que tous les intéressés comprennent le pourquoi des d.cisions stratégiques, les raisonnements qui les sous-tendent. C’est leur donner le sentiment que les dirigeants ont tenu compte de leur avis avant de trancher en toute impartialité et dans l’interet général de l’entreprise. Ce travail d’explication et d’échange incite les salariés à faire confiance à la direction, y compris lorsque leurs propres idées n’ont pas été retenues. Il crée également une puissante boucle de feedback qui accélère l’apprentissage.

Énoncé les conséquences, c’est expliciter, une fois la stratégie définie, les nouvelles règles du jeu. Si fortes que puissent etre les exigences qui en decoulent, les salariés ont le droit de connaitre dès le départ les critères selon lesqules ils seront jugés et les sanctions applicables en cas d’échec. Quels sont les objectifs de la nouvelle stratégie? Les étapes intermédiaires? Qui est responsable de quoi? pour quand? La nature précise des objectifs, des exigences et des responsabilités compte finalement moins, du point de vue du management équitable, que la compréhension qu’en a le personnel. Quand chacun sait exactement ce qu’on attend de lui, les manoeuvres et le favoritisme reculent; les salariés peuvent se tourner vers l’exécution immédiate de la stratégie.

Ce sont ces 3 critères pris ensemble qui permettent de juger de la qualité du management équitable. Il faut insiter sur ce point, car on ne peut émettre de jugement sur la base d’éléments partiels.